Dans mes oreilles, une grosse pointure de la musique québécoise : Serge Fiori avec son premier album en 25 ans. Après avoir littéralement établi l’unité de mesure des albums québécois avec Harmonium et Fiori-Séguin, Fiori revient avec un album éponyme. Avant d’écouter l’album solo, il m’a semblé indispensable de réécouter ses sorties précédentes, car soit ça faisait longtemps que je ne les avais pas écoutées, soit je ne les avais honteusement jamais écouté. Après cette écoute préalable, j’ai pris encore plus conscience du défi qui attendait Fiori à la sortie du disque, la barre est haute. Je me disais : « S’il réussit à s’en approcher, ça sera mission accompli. » Plongeons donc dans le vif du sujet.
Le monde est virtuel : Les arrangements très fignolées sont encore présents. Musicalement, c’est sua coche, comme disaient les jeunes branchés en 2007. Pour ce qui est du texte, il s’agit là clairement de la vision d’un gars de 60 ans sur le monde. À l’aube de la trentaine, je ne me suis pas senti interpelé, car le monde virtuel, on ne le critique plus, on l’utilise comme on veut et c’est tout.
Crampe au cerveau : La groove est bonne. Les arrangements sont en subtilité, tout vient naturellement. L’alternance entre l’anglais et le français dans la chanson montre à quel point comme dit Biz « Quand tu te forces juste un petit peu, tu peux écrire aussi bien en français ». Ça m’a interpelé directement disons !
Démanché : Voilà un bon blues, des belles progressions qui viennent surprendre un peu ce qui est très bien.
Seule : On a là un slow plus ambiant, avec une voix très à l’avant. Dès que je commençais à la trouver bien ordinaire, un mantra est venu agréablement me surprendre. Le texte touchant viendra assurément toucher des gens plus que moi !
Jamais : Les arrangements tout en subtilité font un peu une éloge à la lenteur. Il y a rien de pressé dans cette chanson là. Tout coule naturellement.
Le chat de gouttière : Le drum est de retour après une sabbatique. La groove est bonne et progresse audacieusement vers un bridge ambiant à la Harmonium.
Laisse moi partir : Le texte est très chargée émotivement. C’est musicalement impeccable. La chanson comprend un mantra aussi et il est encore mieux intégré que dans la chanson Seule.
Zéro à dix : On reprend en blues plus léger après la chanson plus lourde, ce qui démontre la vision très « voyage au travers de l’album » de Fiori.
Ce qui est là : J’ai jamais trippé sur l’intégration des claviers dans les tounes de Fiori en général. Celle-là en est un exemple. Le texte est excellent par contre.
Pour terminer, le défi de Fiori était énorme, il l’a relevé avec brio. Ce n’est pas un album au niveau de ceux d’Harmonium ou de celui de Fiori-Séguin, mais il s’en approche. C’est ce qui importe. Les chansons sont peut-être plus structurée « standard » que le progressif qui a caractérisé Harmonium, mais la sensibilité dans les arrangements est belle et bien présente, peut-être même plus. Les inconditionnels le demeureront et les plus jeunes apprécieront peut-être sur le tard, mais ils apprécieront à coup sûr. 9/10
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