Un père qui ne réussit pas à respecter l'interdiction de contact avec son fils de 14 ans tente une ultime tentative de réconciliation en le kidnappant et en l'amenant à la chasse.
On peut s'attendre, à la lecture d'un tel synopsis, à l'évolution classique des événements: difficultés au départ, situations cocasses et/ou dangereuses qui rétablissent tranquillement le lien de confiance, encore fragile, avec une finale à l'eau de rose où tout le monde est heureux. Heureusement, c'est dans une toute autre aventure que Sylvain Archambault nous amène.
Symbole par excellence de liberté, la forêt québécoise est habillement transformée, dans la première partie du film, en huis clos pesant, presque insoutenable. Il n'y a nulle part d'issu pour Samuel, son père est déterminé à le garder avec lui coûte que coûte. On en sait assez peu sur le personnage du père et il est donc très difficile de prévoir comment il va réagir, ce qui accentue l'intensité de la situation. Est-il vraiment fou ou est-ce un homme nouveau qui a vraiment besoin de voir son fils? Les différents plans accentuent l'effet de prison, alors que les arbres font office de barreaux, retenant Samuel prisonnier.
La feuille de route de Sylvain Archambault, jusqu'ici assez peu impressionnante (Piché: entre ciel et terre et la série sur Élvis Gratton, notamment), bénéficiera de cet ajout sommes toutes réussi. Il n'est jamais simple de faire porter un film à deux acteurs (on n'entrevoit à peine la mère, qui fait office de figurante). C'est encore moins simple lorsqu'un des deux offre un jeu plutôt inégal, tantôt surjoué, tantôt absent. En effet, Antoine L'Écuyer, dans le rôle de Samuel, montre qu'il n'était pas tout à fait à la hauteur. Certaines répliques, qui ne servent qu'à camper le personnage de l'adolescent rebelle (facette inutile au déroulement du film), ne sont pas rendues de manière naturelle. Cela dit, le rôle est généralement bien campé et suffit à garder le spectateur dans l'histoire. Heureusement, Paul Doucet nous offre une performance à couper le souffle. La folie du personnage n'est jamais montrée de manière trop obvie, tout est dans le regard. Et quel regard! Les emportées, tout comme et surtout les moments plus calmes, sont joués de main de maître.
Bref, on va voir La Garde si on veut un scénario qui sort un peu des chantiers battus et si on veut vivre un long moment d'intenses émotions (la peur, le stress, la joie, tout y passe!). La Garde n'aura probablement pas une grande distribution et passera peut-être inaperçue, mais saisissez votre chance si vous le pouvez! Vous ne le regretterez pas.
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