Lafayette présente son premier album « Les Dessous féminins » 

Le style de Lafayette ? Français. Tout simplement. Mais un peu plus complexe aussi. Allez dire ça à ceux qui avancent que la France n’a jamais été une terre musicale. Ont-ils un jour été capables de saisir la nuance des intonations d’un Jay Alanski ? Le slap de basse tout en retenue d’un morceau d’Alain Chamfort? La tension sexuelle atmosphérique née de la collaboration entre Alain Souchon et Laurent Voulzy? La profonde mélancolie du répertoire entier d’Etienne Daho? Certainement pas.



Pas de soucis, ils peuvent désormais se rattraper avec Lafayette qui est un concentré de tout ça. De sa passion adolescente pour les Kinks à son duo One-Two qu’il menait avec le chanteur Séverin et qui a sévi dans les années 2000, Frédéric Lafayette est revenu de l’anglophilie et assume désormais son héritage et sa langue. « Je ne veux pas être figé pour l’éternité » chante t-il sur « La mort » c’est mauvais genre. Soit, mais quand l’éternité ressemble à ce que la variété pop française a fait de mieux des décennies 70 et 80 jusqu’à aujourd’hui, aucun problème! Restons figés! Noyons-nous dans cette marinière qui a tout vu passer, du « choc pétrolier » à la « dissolution de l’assemblée », des termes désuets qui pourtant font instantanément tilt à nos oreilles, à l’image des mélodies de ses chansons. Mais loin de sentir la naphtaline, Lafayette est également parfaitement à sa place entre les dernières vedettes de l’indie variété (Katerine et Tellier) et la « nouvelle scène pop française », d’Aline à Juliette Armanet. Comme eux, Lafayette tranche dans la longue tradition du songwriting français en ne mettant jamais la musique au second plan.

Son nom ? Rien à voir avec une illustre aristocratie militaire mais plutôt un achat de vacances, un coton ouaté frappé des 9 lettres, trouvé en Italie. Vous ne trouverez en revanche aucune trace d’Eric Zemmour dans son titre « La mélancolie française », ni de dérapage néo-hussard dans « Décapotable ». S’il fallait trouver une filliation, ça serait plutôt le looser magnifique façon Henri Leconte. Co-réalisateur de son album avec le très doué Fred Pallem (remarqué avec son projet Le Sacre du Tympan), Lafayette préfère laisser tranquillement les réactionnaires, de studio ou d’ailleurs, s’arracher les cheveux en ajoutant ici et là vocoder et rythmiques électroniques. Lafayette ne se force pas et tout passe, les filles courent vers lui (d’Alka Balbir à Liza Manili) et lui pardonnent tout, même le titre de son manifeste : Les dessous féminins, où il avoue aimer porter les sous-vêtements de sa copine, on y est tellement bien. C’est que son swing triste ne laisse jamais l’humour de côté, ses textes réussissent à être légers sans être superficiels.

Du très romantique Instantané sur la banquise au tragi-comique Automatique -  une chanson sur le burn-out au travail - l’écriture pop de Lafayette frappe par son élégance et sa musicalité, à faire rager la concurrence. Comment fait-il ? Il répond à la règle des 3D : Dandy (après lui, enterrons définitivement et à tout jamais ce terme), Décontracté et Désabusé. Mais jamais cynique ni ironique, juste un peu nostalgique. « La glanda » (dans une ambiance profonde Delpech) qui vient clotûrer son excellent premier album finira de convaincre n’importe quel staccato-sceptique.

Et c’est cette écriture qui, in fine, permet à Lafayette d’enjamber les styles et les époques et d’apposer sa patte. Ses thématiques sont éternelles, ses chansons riment avec poupées, dérapage contrôlée et douces nuits d’été. Elles sont faites pour les flirts de vacances, les petites copines étrangères, les échappées belles et tous ceux qui rêvent éveillés. Des gens comme vous et moi quoi.

LAFAYETTE
Les dessous féminins

1. Une fille, un été
2. Eros automatique
3. La mélancolie française
4. Je perds la boussole
5. Automatique
6. Les dessous féminins
7. Décapotable
8. La mort c’est mauvais genre
9. Endless Summer
10. Instantané sur la banquise
11. La glanda

Sortie le 14.10.2016









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