BLIND DIGITAL CITIZEN - PREMIÈRES VIES - SORTIE DIGITALE CANADIENNE

Rien ne sert de mourir, il faut courir à point. Ce qui vaut pour l’Apocalypse de Saint Jean — tout détruire pour mieux reconstruire — vaut aussi pour les Français de Blind Digital Citizen. Avec ce baptême du feu nommé Premières Vies, ils proposent un premier album où renaissance, espoir et re-création sont gravés entre des sillons à la fois synthétiques et humains (après tout). Et s’imposent naturellement comme le premier véritable groupe français du XXIe.



Obsédés par la réinvention permanente depuis ses débuts en 2012, Blind Digital Citizen a donc choisi de conjuguer son premier disque au pluriel. «Premières vies». Un titre à choix multiples qui traduit bien les paradoxes du groupe, à la fois aveuglé par les lumières d’une époque où tout va trop vite, mais aussi impliqué jusqu’aux cordes vocales dans ce quotidien à triple dimensions. Sortant de l’autoroute de l’information pour mieux observer le monde qui les entoure, ces enfants du nouveau siècle font ici tabula rasa des angoisses et des doutes de l’adolescence pour faire naître une (en)vie celle d’une musique consciente qui dépeindrait avec justesse et poésie le monde qui les entoure.

Dans l’univers désarmant de Blind Digital Citizen, on croise successivement tube de clubbing pour banlieues bétonnées (Ravi), ballade psychédélique à mi-chemin entre David Lynch et André Breton (l’entêtant Parachute) et roman d’anticipation à la Lovecraft fantasmant la société de l’an 6740 (Perú). De ses nombreuses vies antérieures, Blind n’a conservé que deux titres issus des précédents EP (Reykjavik 402 et War), auxquels s’ajoutent des échos lointains au Bashung de Fantaisie
militaire comme le spectaculaire « Palais de Cristal», piège à texte fragmenté pratiquant le cut up pour déminer le terrain (« Dans un tiroir un incendie se déclare / Dans les couloirs un homme joue avec son histoire / Donne des ordres sans mémoire »). Mais ces gamins du périphérique n’ont jamais volé d’amphores au fond des criques, ni fait la cour à des murènes. Leurs chansons, beaucoup plus concrètes, évoquent la sueur de la vingtaine (« Regarde moi en face quand tu jouis » sur « Dvek », « C’est quand qu’on baise ? » sur « Ravi ») ou encore l’amitié sur « Cumbia », une chanson écrite « comme un banquet chez Astérix après avoir vécu une grande aventure ».

Celle-ci ne fait pourtant que commencer. Soudés comme les doigts d’une main invisible, les cinq membres du groupe forment une jeune bande à part, à la fois innocente et explosive, et dotée d’un talent d’écriture comme on en compte bien peu en France. Un talent qui donne à leurs chansons l’aspect d’un mille-feuille mélodique à triple niveaux de lecture. Loin d’être un simple collectif brandissant les # comme un drapeau générationnel, François le chanteur scande des slogans (« Rêve-toi et marche ») où l’espoir est scotché sous les pavés. Et si cet appel à des lendemains qui
chantent se fait parfois par la violence, à la posture nihiliste et auto-destructrice, Blind Digital Citizen oppose un bonheur intriguant. « La lumière vient de l’intérieur » : cette musique punk qui crève le plafond permet au groupe de dégager le ciel pour écrire en gros sa prochaine prophétie : « Now. Futur ».

 

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